Résumé: Objectifs: Les personnes autochtones présentent une prévalence démesurément élevée d’incarcération dans le système judiciaire canadien. Il y a cependant peu d’études dirigées par des Autochtones sur le colonialisme et le système judiciaire, en particulier sur les associations entre le racisme, les perturbations familiales imposées de l’extérieur et les antécédents d’incarcération. C’est pourquoi nous avons fait porter notre étude sur l’association entre la proportion d’incarcérations antérieures et de perturbations familiales, les expériences de racisme et la victimisation chez les adultes autochtones vivant à London, Thunder Bay et Toronto (Ontario), au Canada. Les trois villes ont dit ne pas vouloir que nous fassions de comparaisons entre elles; elles voulaient plutôt des analyses de leur ville pour savoir où des mesures de soutien supplémentaires étaient nécessaires.Méthode: Des partenaires associatifs autochtones ont utilisé l’échantillonnage en fonction des répondants (EFR) pour collecter des données auprès des personnes des Premières Nations, des Inuits et des Métis (PNIM) à London, Thunder Bay et Toronto. Les estimations de prévalence, les intervalles de confiance de 95 % et le risque relatif ont été présentés à l’aide de modèles de Poisson non pondérés et de proportions ajustées selon l’EFR.Résultats: La proportion de répondantes et de répondants ayant déjà été incarcérés était de 43 % à London, de 54 % à Toronto et de 72 % à Thunder Bay. Dans les trois villes, la fréquentation des services de protection de l’enfance et l’expérience du racisme étaient associées à une hausse d’environ 25 % du risque d’incarcération antérieure. À Toronto et à London, la victimisation était associée à un risque accru d’incarcération.Conclusion: Cette étude souligne la prévalence démesurément élevée de l’incarcération antérieure chez les personnes PNIM vivant dans trois villes de l’Ontario. L’expérience du racisme, les perturbations familiales et la victimisation étaient associées à l’incarcération. La réduction des taux de perturbations familiales, d’expérience du racisme et de victimisation devrait éclairer les politiques et les services futurs afin de réduire la prévalence démesurément élevée de l’incarcération chez les personnes PNIM vivant en milieu urbain.