On sait peu de chose sur l’intense trafic qui longea les côtes de la Méditerranée occidentale à la fin du Moyen Âge. Les informations concernant ce type d’échanges dans le golfe du Lion sont très lacunaires. Or, les sources notariales de la ville catalane de Castelló d’Empúries nous renseignent de manière exceptionnelle sur le trafic maritime qui se développa entre le Languedoc et la Catalogne septentrionale à la fin de la période médiévale. Plusieurs centaines de registres viennent ainsi nous éclairer sur l’essor des flux marchands qui se réalisa entre ces deux régions des années 1290 jusqu’au milieu du XIVe siècle. À partir de ce fonds on peut mettre en exergue des exportations inédites de céréales, de corroyère (plante à tanin), effectuées en direction du Languedoc, ou a contrario les envois de produits languedociens, en premier lieu du pastel et du vin dont le commerce est encore fort mal connu, mais aussi du sel et du fer. Des informations inédites viennent ainsi mettre en lumière d’autres aspects inédits du commerce franco-catalan et révèlent le potentiel économique méconnu des ports languedociens et catalans avec leurs marins, leurs marchands et leurs embarcations. Si un trafic de cabotage tout à fait surprenant existe entre le Languedoc et la Catalogne septentrionale, l’étude de ce trafic maritime permet aussi de découvrir la place originale occupée par le comté d’Empúries d’une part, et de l’autre, de nuancer la portée des tensions politiques entre le royaume de France et la Couronne d’Aragon comme conséquence de la croisade de 1285. C’est un tableau bien plus complet et des échanges bien plus substantiels qu’on ne le croyait qui se dévoilent à travers les sources notariales catalanes.