Le premier des trois journaux intimes de Chausson date de 1875. À la fois très développé et très personnel, il révèle un jeune homme à la culture, aux idées et à la pratique musicale fortement imprégnées de culture germanique. Heine d’un côté, J. S. Bach, Beethoven et Schumann d’un autre, constituent le cœur vibrant de ce lien. En cette année 1875 durant laquelle il n’est encore qu’un « amateur » d’art, ses relations à l’outre-Rhin ignorent grandement Wagner, quand, un peu plus qu’une décennie plus tard, elles tendront à être lues quasi exclusivement à travers lui. Sous cet angle du rapport de Chausson à l’Allemagne, l’étude du Journal de 1875 montre donc plusieurs intérêts. Tout d’abord, elle nous invite à nuancer le portrait du musicien sur la question de ses liens avec le monde germanique. En nous introduisant dans son univers de jeune adulte, elle nous permet par ailleurs de mesurer les éléments qui contribueront à forger le compositeur en puissance qu’il est à ce moment-là de sa vie ; de comprendre quels seront les modèles et les ancrages décisifs de ses choix futurs. Das erste der drei Tagebücher Chaussons stammt von 1875 und ist zugleich sehr detailliert und persönlich. Es zeigt einen jungen Mann, der sehr stark von den Ideen und Praktiken der deutschen Musikkultur geprägt ist. Heine auf der eine Seite, Bach, Beethoven und Schumann auf der anderen, stehen im Mittelpunkt dieser Beziehung. Zu dieser Zeit, in der Chausson noch ein Musikamateur ist, sind seine Beziehungen zu Deutschland noch kaum von Wagner geprägt, der gut ein Jahrzehnt später fast ausschließlich in seinem Fokus stehen wird. Vor diesem Hintergrund ist das Tagebuch von 1875 in mehrfacher Hinsicht von besonderem Interesse : Zum einen liefert es ein nuancierteres Bild der Berührungspunkte Chaussons mit der deutschen Kultur ; zum anderen ermöglicht es, diejenigen Elemente besser einzuordnen, die zur Entwicklung der Persönlichkeit des Komponisten beitragen werden, sowie die Modelle und Bezugspunkte seiner späteren Wahlentscheidungen besser zu verstehen. The first of Chausson’s three diaries dates from 1875 and is at once very detailed and personal. It reveals a young man highly influenced by the ideas and practices of German musical culture. Heine on the one hand, Bach, Beethoven and Schumann on the other are at the centre of this relationship. At this time, with Chausson still being a musical amateur, his relations with Germany are hardly influenced by Wagner, who will be his almost exclusive focus a decade later. Against this background, the 1875 diary is of particular interest in several respects : On the one hand, it provides a more nuanced picture of Chausson’s encounters with German culture ; on the other, it facilitates contextualizing those elements that will contribute to the development of the composer’s personality, as well as understanding the models and reference points of his later choices.