Les Staphylococcus aureus (SA) ou à coagulase négative (SCN) sont les responsables habituels des infections prothétiques de hanche (PTH) ou de genou (PTG). Ils ont une virulence distincte qui les associe théoriquement à un pronostic différent. L’hypothèse selon laquelle le SCN, germe commensal réputé moins pathogène, serait associé à un meilleur pronostic de guérison est testée à partir d’une série continue rétrospective d’infections de PTH et PTG. De 2007 à 2012, 101 infections staphylococciques (38 PTG et 63 PTH) chez 56 hommes et 45 femmes, d’âge moyen 69ans (23–95) ont été traitées en 1 temps 40 fois (32 PTH et 8 PTG) et 61 fois en deux temps, associées à une antibiothérapie adaptée d’au moins 6 semaines comportant le plus souvent l’association Quinolone Rifampicine. Une co-morbidité à potentiel infectieux était présente chez 32 % des patients. Les staphylocoques se répartissaient en 32 SA (31,7 %) et 69 SCN (68,3 %) dont 47 épidermidis. 59 (58,4 %) étaient métirésistants (15 SA et 43 SCN) et 27 infections (26,7 %) étaient polymicrobiennes (majoritairement à Enterococcus). Au recul minimum de 24 mois (médiane 41, moyen 32 mois) le taux de guérison clinique et biologique était de 71 % pour tout le collectif, 75 % pour SA et 68,1 % pour SCN (p=0,42). Les deux groupes SA et SCN étaient comparables pour l’âge, le sex-ratio, le caractère mono- ou poly-microbien, la métisensibilité ou la présence de co-morbidité. Cependant, les taux de guérison étaient de 79,4 % pour SA métisensibles et 71,2 % pour métirésistants (p>0,05) et 71,4 % pour SCN métisensibles et 65,1 % pour métirésistants (p>0,05). Les infections sur PTH avaient un taux de guérison plus important que celles sur PTG (81 % contre 53 %, p<0,05). Le type de procédure en 1 ou 2 temps ne modifiait pas les taux de guérison (70 % vs 70,5 %, NS). Le meilleur taux de guérison (86 %) se retrouvait après une PTH infectée par un germe sensible, sans co-morbidité+le plus mauvais (37,5 %) après une PTG infectée par un germe résistant avec présence d’une co-morbidité au minimum. Les résultats de cette étude concordent avec la littérature. Elle ne montre pas de différence entre les taux de guérison des infections prothétiques à SCN ou SA. Notre hypothèse de départ n’est donc pas validée. Cependant, la méthisensibilité pourrait jouer un rôle dans certaines circonstances.