Résumé: Introduction: L’intérêt de la corticothérapie dans la méningite tuberculeuse est maintenant bien établi, notamment chez les patients indemnes d’infection par le virus d’immunodéficience humaine. En milieu de réanimation, la majoration des risques infectieux auxquels les patients sont spécifiquement exposés pourrait contrebalancer le bénéfice neurologique des corticoïdes. Le but de l’étude était d’évaluer les effets de la corticothérapie dans la méningite tuberculeuse de l’adulte admis en réanimation. Méthodes: Étude de cohorte rétrospective avec appariement incluant tous les patients adultes admis en réanimation pour méningite tuberculeuse de janvier 1993 à décembre 2005. Un score de propension a été construit grâce à un modèle de régression logistique multiple. Les patients du groupe corticoïdes ont été appariés à autant de patients du groupe non-corticoïdes. Les effets de la corticothérapie ont été évalués chez les paires par la régression logistique conditionnelle univariée, puis chez l’ensemble des patients par un modèle de Cox. Le critère de jugement principal était la mortalité à 60 jours et le critère secondaire était le taux d’incidence des infections nosocomiales. Résultats: Deux cents soixante-dix patients ont été inclus. L’âge était de 38±17 ans et le score de Glasgow de 12±3. La mortalité globale était de 43,3 %. Quatre-vingt-quatorze paires corticoïdes–non-corticoïdes ont pu être constituées. Les caractéristiques de base des deux groupes étaient comparables, sauf pour l’hydrocéphalie qui était plus fréquente dans le groupe corticoïdes. La mortalité était de 47,9 % dans le groupe corticoïdes et de 52,1 % dans le groupe non corticoïdes (p =0,77). La mortalité chez les patients du groupe corticoïdes en stade III de la classification du British Medical Research Council était de 61,5 % versus 74,1 % du groupe non-corticoïdes (p =0,33). La densité d’incidence des infections nosocomiales était de 19,1 pour 1000 patient jours dans le groupe corticoïdes et 16,1 pour 1000 patient jours dans le groupe non-corticoïdes (p =0,4). La mortalité chez l’ensemble des patients après ajustement sur le score de propension a montré des résultats concordants. Conclusion: Cette étude ne retrouve pas d’amélioration significative de la survie chez les patients adultes atteints de méningite tuberculeuse admis en réanimation et mis sous dexaméthasone. L’intervalle de confiance est cependant compatible avec le risque relatif à 0,78 estimé par la méta-analyse Cochrane version 2008. Il n’y a pas de différence significative en termes de taux d’infections nosocomiales par patient jours de réanimation entre le groupe corticoïdes et le groupe non-corticoïdes. Un probable défaut de puissance expliquerait ces résultats.