Résumé: Dans de nombreux écosystèmes, la macrofaune du sol ingère de grandes quantités de feuilles mortes et en restitue la majeure partie sous forme de boulettes fécales. Il est communément admis que cette transformation des feuilles mortes en boulettes stimule la décomposition en augmentant la surface exposée aux microorganismes. Cependant, les preuves expérimentales corroborant cette théorie font encore défaut.Nous avons collecté des boulettes fécales de Glomeris marginata nourris à partir de litières de sept espèces d'arbres, en faisant l'hypothèse que l'identité de l'espèce végétale dont proviennent les litières ingérées détermine la vitesse de décomposition des boulettes. Nous avons comparé les caractéristiques physiques et chimiques ainsi que le devenir du carbone et de l'azote dans les litières et les boulettes.Après 100 jours de décomposition en conditions contrôlées, les pertes en carbone ont été en moyenne plus importantes dans les boulettes (40.0%) que dans les litières (26.6%). Une tendance similaire a été observée pour l'azote, avec le passage d'une immobilisation de l'azote dans les litières (7.7%) à une perte nette dans les boulettes (14.6%).Malgré une homogénéisation des caractéristiques physiques et chimiques observée dans les boulettes, la variabilité des pertes en carbone et azote était aussi importante dans les litières que dans les boulettes. Cependant la décomposition des litières n'était pas corrélée aux mêmes traits que la décomposition des boulettes. La perte en carbone dans les boulettes était corrélée à la compaction (augmentation de la densité et diminution de la surface spécifique) et les pertes en carbone et azote dans les boulettes étaient corrélés positivement à la fragmentation (augmentation de la surface spécifique et du périmètre des particules contenues dans les boulettes).Nous concluons que la fragmentation et la compaction des litières en boulettes fécales mène à une augmentation de la décomposition, avec un impact important sur l'azote qui passe d'une immobilisation à une perte nette. De plus, cette transformation modifie la hiérarchie des traits contrôlant le processus de décomposition. Dans les écosystèmes où les détritivores sont abondants, cette transformation peut ainsi avoir d'importantes conséquences pour le recyclage du carbone et de l'azote. [ABSTRACT FROM AUTHOR]