Dans cet article, nous soutenons que la relation des communautés à l'alimentation contribue à façonner leur expérience des crises. L'expression française « la vie chère » évoque à la fois des relations affectives, des valeurs collectives et des prix élevés, attirant par là notre attention sur l'importance de toutes ces dimensions pour comprendre l'expérience de l'augmentation du coût de la vie et les réponses face à celle-ci. En ce sens, la manière dont les gens appréhendent et vivent la culture et la consommation des aliments influe sur leurs possibilités de subsistance matérielle. L'étude compare le rôle du manioc dans une province côtière et dans une province amazonienne de l'Équateur, afin de mettre en lumière les trajectoires de reproduction sociale dans des contextes de pénurie. Les différences d'approche du manioc dans ces deux sites s'expliquent par l'histoire de la colonisation et de l'exploitation des terres et des populations, qui influe sur les relations sociales et les relations entre l'homme et la nature, ainsi que par les études d'experts qui définissent et renforcent le rôle relationnel du manioc dans diverses écologies. [ABSTRACT FROM AUTHOR]