Résumé:Objectif:Dans un contexte de soins aigus, les tests sanguins non essentiels peuvent constituer une importante source de morbidité, un inconfort pour le patient, une charge de travail supplémentaire pour le fournisseur de soins de santé, et une dépense inutile. L’ampleur de tels tests sanguins non essentiels n’a pas été bien décrite. Notre objectif était de mesurer l’envergure des tests sanguins inutiles dans une unité de soins intensifs (USI) de 33 lits dans un hôpital universitaire de soins tertiaires en Ontario, au Canada.Méthode:Au cours d’une période de quatre semaines, on a demandé à tous les médecins travaillant à l’USI de choisir, dans une liste exhaustive, les tests sanguins qu’ils estimaient essentiels pour prodiguer des soins adaptés à chacun de leurs patients le jour suivant. Les tests véritablement réalisés le jour suivant ont été enregistrés. Des statistiques descriptives ont été utilisées afin de déterminer quelle proportion de tous les tests réalisés étaient jugés comme étant des tests sanguins essentiels. L’association entre les caractéristiques du patient et le coût total des tests inutiles a été évaluée à l’aide du test de Wilcoxon et du coefficient de corrélation de Spearman, selon le cas.Résultats:Neuf médecins ont fourni des données concernant un total de 81 jours patient. Durant 65 (80%) de ces jours, au moins un test était considéré non essentiel. Les médecins ont jugé que seuls 338 (48,7%) des 694 tests sanguins réalisés étaient essentiels, ce qui s’est chiffré à un total de 2243,41 $ (46,0%) sur un coût global de 4882,11 $. L’âge, le sexe, le statut de ventilation mécanique et le traitement à l’aide d’agents vasoactifs des patients le jour de l’étude n’ont pas été associés au nombre de tests non essentiels.Conclusion:Les médecins en charge ont jugé qu’une proportion importante des tests sanguins réalisés dans le cadre d’une USI de soins tertiaires était inutile. En outre, les tests non essentiels ont engagé des coûts supplémentaires importants. Des travaux supplémentaires sont nécessaires afin de mieux comprendre les facteurs sous-jacents contribuant à ces pratiques dilapidatrices.