Le but de cet article est de réfléchir sur les emprunts malais (et javanais) en chinois afin de voir ce qu’ils nous apprennent sur les échanges culturels entre les deux mondes dans le temps long. Nous avons retenu trois types de sources : les récits de voyage et sommes sur les contrées d’Asie du Sud-Est, les relations de missions diplomatiques, et les écrits émanant de Chinois établis en Insulinde. On peut distinguer deux phases : la première, la plus longue, durant laquelle les emprunts se sont faits de l’intérieur du monde chinois, après avoir été introduits par des marchants, voyageurs ou émissaires, les plus anciens remontant au début de notre ère, tel le terme pinang ou «noix d’arec » . La deuxième, durant laquelle les populations insulindiennes étaient en étroit contact avec les gens du Fujian, ce qui entraîna la formation de communautés mixtes et l’incorporation d’un plus grand nombre de termes malais dans le dialecte du Minnan et aussi la création d’expressions hybrides.