Résumé: Objectif: Évaluer comment les cliniciens canadiens impliqués dans les soins aux patients traumatisés et prescrivant des opioïdes perçoivent l’utilisation et l’efficacité des stratégies visant à prévenir le traitement prolongé par opioïde après un traumatisme. Les obstacles et facilitateurs de la mise en œuvre de ces stratégies ont aussi été analysés.Méthodes: Nous avons réalisé une enquête transversale via le Web. Les participants potentiels ont été identifiés par les gestionnaires et directeurs de programmes de traumatologie des départements ciblés dans trois provinces canadiennes. Nous avons conçu notre questionnaire en utilisant la méthodologie de recherche usuelle des enquêtes de santé. Le questionnaire a été administré entre avril 2021 et novembre 2021.Résultats: Notre taux de réponse a été de 47 % (350/744) et 52 % (181/350) des participants ont complété l’enquête dans sa totalité. La majorité des personnes interrogées (71 %, 129/181) travaillait dans des hôpitaux universitaires. L’analgésie multimodale (93 %, 240/257), les anti-inflammatoires non stéroïdiens (77 %, 198/257) et la stimulation physique (75 %, 193/257) étaient les stratégies perçues comme étant le plus fréquemment utilisées. Plusieurs stratégies préventives étaient perçues comme étant très efficaces par plus de 80 % des répondants. Parmi celles-ci, certaines étaient signalées comme n’étant pas utilisées très souvent, mais perçues comme étant les plus efficaces, notamment les lignes directrices et protocoles évaluant les facteurs de risque d’utilisation abusive des opioïdes, le suivi de la santé physique par un professionnel, la formation des cliniciens, l’éducation des patients et les systèmes de suivi des prescriptions. La pénurie de personnels, les contraintes de temps et les pratiques de l’établissement ont été identifiées comme étant les principaux obstacles à la mise en place des stratégies préventives classées parmi les premières.Conclusions: Plusieurs stratégies de prévention du traitement par opioïdes à long terme après un traumatisme sont perçues comme efficaces par ceux qui les prescrivent à cette population de patients. Certaines de ces stratégies apparaissent comme couramment utilisées dans la pratique quotidienne et d’autres moins souvent. La recherche future devrait se concentrer sur la détermination des stratégies préventives auxquelles il faudrait accorder la plus grande priorité de mise en œuvre avant d’évaluer leur efficacité.