L’action des légats pontificaux présents en Languedoc au début du XIIIe siècle, Pierre de Castelnau, Raoul de Fontfroide et Arnaud Amalric, est depuis longtemps un sujet de recherche. Leurs ancrages familiaux et territoriaux, leurs motivations plus personnelles ou lignagères ont cependant été moins explorées, c’est l’objet de cet article. On y découvre un Pierre de Castelnau issu d’un petit castrum de la mouvance des Guilhem de Montpellier, fidèle à la lignée de ses seigneurs et dans l’opposition aux Raimondins. En revanche, il n’a pas été possible de percer le secret des origines de maître Raoul, certainement un chanoine des chapitres narbonnais ou biterrois, mais qui, comme Pierre, est devenu cistercien pour endosser la charge de légat. Quant à Arnaud Amalric, il semble que l’on puisse le rattacher à la grande noblesse castillane des Manrique de Lara, dont une branche prit possession de la vicomté de Narbonne après le long gouvernement d’Ermengarde. Cette appartenance familiale donne du sens à son acharnement à revendiquer le titre de duc de Narbonne, une fois qu’il sera devenu archevêque. Ce qui semble clair au terme du parcours dans les généalogies de ces trois prélats, c’est que, pour diverses raisons, ils ont tous oeuvré sans relâche à l’encontre des comtes de Toulouse qui n’ont trouvé dans l’Église aucune voix d’envergure pour plaider leur cause.
The action of the pontifical legates who are present in Languedoc at the beginning of the XIIIth century, Pierre de Castelnau, Raoul de Fontfroide and Arnaud Amalric, has for a long time been a subject for research. Their family and territorial attachments, their more personal motivations or those related to kinship, have however been less explored. This is the object of this paper. One discovers thus that Pierre de Castelnau comes from a little castrum held in feudal tenure from the Guilhem de Montpellier, faithful to the family line of its lords and in opposition to the Raymonds. On the other hand, it has not been possible to uncover the secret of the origins of Master Raoul, who was certainly a canon of the chapters of Narbonne or Beziers, but who, like Pierre, became a Cistercian to shoulder the burden of the legate. As for Arnaud Amalric, it seems that one could attach him to the high Castilian nobility of the Manrique de Lara family, of which one branch took possession of the viscounty of Narbonne after the prolonged rule of Ermengarde. This family connection makes sense of his fervent commitment to the title of Duke of Narbonne, once he becomes Archbishop. What seems clear in reviewing the genealogies of these three prelates is that, for various reasons, they all worked unstintingly against the Counts of Toulouse, who found in the Church no voice raised in order to plead their cause.