This paper discusses changes in the narratives of Sgaw and Pwo Karen regarding their neighbours, in particular Tai or Thai people. Prior to the nineteenth century, Karen narratives comprised a range of non-diachronic accounts teaching the young how to behave, explaining natural phenomena, and accounting for the relatively lower status the Karens found themselves in relation to their neighbours, such as the Tais, who ruled kingdoms. Among the most popular narrative themes was that Karens were orphans who, through their own foolishness, lost direct access to divine wisdom. This began to change in the nineteenth century when Karens began identifying American missionaries as their lost White brother who had the golden book of the god, Ywa, with the result that many Karen became Christians. But this was not the greatest recent change for Karen narratives. As Thailand adopted a countrywide education system in the early-1900s, non-Thai minorities such as the Karen were written out of the narrative. This highly nationalistic system also assimilated many Karens. Instead of continuing to believe themselves orphans, they have taken on Thai attributes and began writing histories of themselves in ways similar to how contemporary Thais write history.
Cet article étudie les transformations apportées par les Sgaw et Pwo Karen à leurs récits (histoire(s) légendaire(s) ou non, mythes, romans, films, etc.) et plus spécifiquement les transformations relatives à leurs voisins tai ou thaïs. Avant le xixe siècle, les récits karen incluaient tout un éventail de récits non diachroniques enseignant aux jeunes comment se conduire, expliquant les phénomènes naturels ou encore exposant pourquoi les Karen avaient un statut inférieur par rapport à leurs voisins tels que les Tai, lesquels gouvernaient des royaumes. Un des thèmes récurrents de ces récits était celui selon lequel les Karen étaient des orphelins qui, du fait de leur propre inconséquence, avaient perdu l’accès direct à la sagesse divine. Quand, au xixe siècle, les Karen se mirent à identifier les missionnaires américains avec le «Frère blanc » perdu qui possédait le livre d’or du dieu Ywa et à se convertir en grand nombre, cette conception se trouva progressivement transformée. Mais cela n’est pas le plus grand changement subi par les récits karen. Quand la Thaïlande adopta un système national d’éducation au tout début du xxe siècle, les minorités non thaïes telles que les Karen furent effacées des récits : ce système, fortement nationaliste, eut entre autres pour résultat l’assimilation de nombreux Karen et ceux-ci, au lieu de se considérer comme des orphelins, ont fait leurs certains attributs thaïs ; ils se sont alors mis à écrire leurs histoires en faisant appel à des modèles proches de ceux utilisés par les Thaïs contemporains pour écrire les leurs.