Introduit depuis l’Europe méridionale aux XIIe-XIIIe siècles, le lapin (Oryctolagus cuniculus L.) fait l’objet d’élevage intensif, destiné à la fois à la provision de bouche des élites, à la vente sur les marchés et au plaisir de la chasse. Cet élevage conduit au façonnement d’espaces spécifiques, les garennes, dont le terme progressivement désigne exclusivement les enclos à lapins. Utilisées jusqu’à la fin de l’époque moderne, les garennes royales de la forêt de Compiègne sont issues de l’appropriation de terres de culture, boisées et aménagées pour l’élevage des lapins. Abandonnées à partir de la Révolution, elles sont aujourd’hui absorbées par la forêt. Si elles laissent peu de sources textuelles, le croisement de la cartographie ancienne, de la prospection archéologique sous couvert forestier et des données paléoenvironnementales (pédologie, anthracologie, botanique), permet de restituer l’organisation, les paysages et les destinées de ces espaces originaux.
Buridant Jérôme, Feiss Thomas. Les garennes de la forêt de Compiègne. Une approche géohistorique et paléoenvironnementale d’un espace cynégétique. In: Du terroir au garde-manger planétaire. Actes du 138e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Se nourrir : pratiques et stratégies alimentaires », Rennes, 2013. Paris : Editions du CTHS, 2016. pp. 38-48. (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 138-8)