Resume Introduction La commotion cerebrale est en pleine recrudescence dans le monde du rugby. Elle est certes connue depuis longtemps mais sa prise en charge reste encore incertaine dans le monde amateur. Une mauvaise gestion et la repetition des traumatismes peuvent amener a des sequelles irreversibles telles que le syndrome de deuxieme impact et l’encephalopathie chronique post-traumatique. L’objectif de cette etude est d’evaluer le devenir du rugbyman amateur apres la realisation d’une fiche de declaration des commotions cerebrales en insistant sur les modalites du diagnostic positif, du suivi, de la duree de mise au repos et des modalites de la reprise du jeu. Materiels et methodes Notre population d’etude etait constituee par les joueurs de rugby amateurs licencies de la Federation francaise de rugby (FFR) de la region Provence-Alpes-Cote d’Azur (PACA), toutes categories confondues lors de la saison 2016–2017. Le recueil des donnees s’est effectue a partir des fiches declaratives de suspicion de commotion cerebrale qui sont realisees lors des matchs amateurs. Les joueurs ont ensuite ete inclus par telephone apres une explication des modalites et des objectifs de l’etude, puis un recueil explicite de leur consentement. Etaient exclus les joueurs professionnels et ceux ayant refuse de participer a l’etude. Soixante-seize fiches de suspicion de commotion cerebrale ont ete recueillies. Apres contact telephonique, 6 d’entre eux n’ont pas ete victimes de commotion cerebrale, un joueur a refuse de repondre au questionnaire et 12 n’ont pas donne de reponse. Notre etude porte sur une population de 57 joueurs. Le protocole de l’etude a ete valide par le comite scientifique de la commission medicale de la FFR. Resultats Les joueurs sont principalement victimes en debut de saison et en debut de deuxieme mi-temps. Les plus touches sont ceux jouant en 3e ligne (n = 18/57) et le traumatisme survient principalement lors de la phase de plaquage (44 %). L’examen clinique des joueurs effectue par un medecin sur le bord du terrain ne se fait que dans 25 % des cas. Les principaux symptomes sont des cephalees (20 %), une sensation de tete lourde (16 %) et une photo-phonophobie (15 %). L’arret de l’activite sportive a ete preconise pour 77 % des joueurs mais 53 % n’ont pas respecte les 6 paliers de reprise sportive. Au total, les recommandations de la federation francaise de rugby sont respectees dans 47,5 % des cas (100 % des joueurs sont sortis du terrain, 53 % ont repris le jeu par palier et 44 % ont respecte la bonne duree de repos). Discussion Lors de la saison 2016–2017 en region PACA, la prevalence de la commotion cerebrale est de 4 %. Le diagnostic de commotion cerebrale se fait normalement a distance du traumatisme car des symptomes peuvent apparaitre jusqu’a 48 h et necessite l’analyse de plusieurs tests comparatifs a ceux realises en presaison. Mais, ce protocole contraignant (test presaison, 3 tests consecutifs diagnostics) n’est realisable qu’en milieu professionnel. L’interet de prendre en charge les commotions cerebrales correctement (sortie du terrain, repos puis reprise sportive par palier) permet de diminuer les consequences a court terme, qualifiees de syndrome du deuxieme impact et a long terme denommees l’encephalopathie chronique post-traumatique. Elle peut se presenter sous la forme de maladies neurodegeneratives et neurocognitives precoces. Conclusion La FFR a progressivement cree un protocole d’uniformisation de la prise en charge sur le plan du suivi, de la duree de repos et des modalites de reprise de jeu en milieu amateur pour eviter les consequences a long terme des commotions cerebrales repetees. Depuis le debut de la saison 2017–2018, la FFR a mis en place un protocole de carton bleu pour les amateurs de federale 1 homme et du top 8 femmes. Le but est de pallier a l’absence de medecin sur les bords de terrain des matchs amateurs.