Introduction Les inhibiteurs de BRAF (vemurafenib, dabrafenib) sont des thérapies ciblées ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans les mélanomes métastatiques. Les effets indésirables cutanés sont fréquemment décrits : carcinomes spino- et baso-cellulaires, mélanomes, kérato-acanthomes. Nous décrivons 3 cas de sarcoïdose survenant sous inhibiteur de BRAF utilisé dans le traitement d’histiocytoses avec mutations BRAF V600E et les résultats d’une revue systématique de la littérature. Patients et méthodes Les mots clés « sarcoidosis », « granuloma », « granulomatous », « sarcoid » étaient croisés dans la base de données Pubmed avec « vemurafenib », « dabrafenib », « BRAF inhibitor ». Tous les essais cliniques avec l’un de ces traitements étaient également étudiés à la recherche de cas supplémentaires, de même que la bibliographie des articles sélectionnés. Les cas étaient conservés si une histologie montrant des granulomes épithélioïdes était obtenue et si l’imputabilité du traitement par inhibiteur de BRAF était retenue. Résultats Trois patients (2 hommes et une femme de 70, 49 et 55 ans) parmi 54 patients traités par thérapie ciblée pour une histiocytose avec mutation BRAF V600E présentaient une sarcoïdose. Chez 2 patients, il s’agissait d’une atteinte cutanée et chez 1 d’une atteinte ganglionnaire. Dans les 3 cas, une biopsie montrait la présence de granulomes épithélioïdes et giganto-cellulaires sans nécrose. La sarcoïdose survenait après 18, 15 et 12 mois de traitement. Les patients étaient traités dans 2 cas par vemurafenib et dans un cas par vemurafenib avec ajout 4 mois auparavant de cobimetinib (un inhibiteur de MEK). Dans les 3 cas, le traitement était poursuivi et aucun traitement n’était donné pour la sarcoïdose. Dans la littérature, 17 cas de sarcoïdose sous inhibiteur de BRAF étaient décrits, tous au cours d’utilisation pour traitement de mélanomes. Les atteintes étaient cutanées ( n = 14), ganglionnaires ( n = 3), hépatique ( n = 1), rénale ( n = 1). Les cas survenaient sous vemurafenib dans 13 cas, association vemurafenib/cobimetinib dans 2 cas, dabrafenib dans 1 cas et dabrafenib/trametinib dans un cas. Dans la majorité des cas, un traitement local était instauré et le traitement par inhibiteur de BRAF était poursuivi. Les patients présentant une sarcoïdose sous inhibiteur de BRAF pouvaient être non répondeurs, répondeurs partiels ou répondeurs complets aux traitements pour leur mélanome, ne permettant pas d’associer la survenue de cet effet indésirable à une meilleure réponse au traitement. Conclusion Des réactions granulomateuses ont été décrites avec plusieurs traitements utilisés dans les mélanomes (interféron-alpha, ipilimumab et plus récemment anti-PD1) dont les inhibiteurs de BRAF mais également chez des patients atteints de mélanome non traités. Nous décrivons ici 3 cas de sarcoïdoses survenant chez des patients traités par inhibiteur de BRAF pour une histiocytose, démontrant ainsi qu’il s’agit d’une réaction spécifique à ce type de traitements. Les cas décrits surviennent aussi bien sous inhibiteur de BRAF seul que sous combothérapie (inhibiteur de BRAF/inhibiteur de MEK). Il s’agit principalement de formes cutanées. Le traitement peut être poursuivi dans la majorité des cas. Ces cas constituent des modèles de formation des granulomes dont la physiopathologie pourrait être étudiée pour une meilleure compréhension de la sarcoïdose. [ABSTRACT FROM AUTHOR]