A Taiwan, la sociologie est à l'origine un savoir « occidental » qui s'est nécessairement indigénisé, en particulier à travers la recherche et l'enseignement. Le développement de la sociologie dans l'après-guerre à Taiwan a pris un chemin tortueux et l'indigénisation des visages différents, employant une terminologie différente au grès des figures académiques qui ont incarné l'indigénisation que nous connaissons aujourd'hui. Bien que le passage d'une sinisation à la Taiwanisation capture assez bien l'évolution de la sociologie taiwanaise de l'après-guerre, il masque une dynamique plus controversée de l'indigénisation. Dans ce court article, nous passons en revue l'émergence, la transformation et l'invisibilisation de cette indigénisation selon les trois aspects suivants : sa périodisation, le contexte socio-politique dans lequel s'intègre le débat, et les principaux enjeux. Bien que le débat sur l'indigénisation se soit apaisé au cours de la dernière décennie, il reste significatif et influent. En conclusion, nous proposons un changement de perspective pour repenser l'indigénisation de la sociologie taiwanaise. En termes de comparaison réciproque et d'histoires connectées, le cas de Taiwan illustre une trajectoire alternative de la modernité. Il permet de corriger une perception biaisée de la modernité dans les théories sociologiques classiques, tout en offrant une esquisse de synthèse ou une nouvelle théorie des modernités. [ABSTRACT FROM AUTHOR]