Réalisé sous la contrainte d'un format fixe et arbitraire, largement improvisé et soumis aux déficiences graphiques d'un apprenti-dessinateur, Lapinot et les carottes de Patagonie de Lewis Trondheim (1992) se caractérise à la fois par son foisonnement narratif et son minimalisme esthétique. Multipliant les parenthèses dilatoires et les déraillements diégétiques tout au long de ses 500 pages, cet album tend par ailleurs à privilégier les séquences oniriques ou hallucinatoires. Cette mise en image du rêve, par les dispositifs iconiques, symboliques et analogiques qu'elle déploie, permet de mieux cerner les rapports complexes que cet album entretient avec la figuration, le minimalisme et l'abstraction. [ABSTRACT FROM AUTHOR]