En s'appuyant sur 203 études quantitatives avec des ouvrières au Cambodge suivies par une série d'entretiens semi-structurés avec 60 des participantes d'origine, cet article est un des premiers à présenter une recherche empirique ayant pour objet les ouvrières du textile et les difficultés financières qu'elles ont eues à négocier pendant la première année de la pandémie de COVID-19. Nous montrons comment, par la fabrication de vêtements qui seront portés par les consommateurs occidentaux, les ouvrières mal payées diminuent leur alimentation pour rembourser leurs dettes à long terme ainsi que celles plus récentes, contractées dans le but de survivre les diminutions de salaire découlant des fermetures d'usine, de suspension d'emploi et de réductions du temps de travail. Dans son étude de ce phénomène, l'article enrichit la compréhension des impondérables sexospécifiques de la pandémie de COVID-19 et de « l'usure » des ouvrières du textile à travers leurs tentatives pour répliquer la vie quotidienne dans un contexte (préexistant) de privation. Nous soutenons que le nexus dette-faim n'est pas nouveau, mais reflète des problèmes au sein du développement capitaliste du Cambodge, et du capitalisme lui-même, alors que les coûts de la reproduction et des risques sociaux sont privatisés et financiarisés dans l'organisme politique. La pandémie de COVID-19 consolide les rapports avec la vie financiarisée de telle sorte qu'ils dureront plus longtemps qu'elle et auront des conséquences de longue durée pour l'ensemble des ouvrières et de leurs familles. [ABSTRACT FROM AUTHOR]