Durant les crues, les invertébrés des rivières peuvent être entraînés en grand nombre vers l'aval. Cette prétendue « dérive catastrophique » cause une redistribution importante des animaux, tout en réduisant la fitness et augmentant la mortalité des organismes dans la dérive. Nous présentons les premières données de terrain sur le rôle du déplacement des sédiments dans le déclenchement de la dérive catastrophique. Nos expériences indiquent que la perte d'invertébrés dans le lit de la rivière devient exponentielle lorsque la force d'arrachement atteint le seuil au-delà duquel se produit un entraînement de la charge de fond. Cependant, des valeurs faibles de charge de fond suffisent à dégarnir rapidement certaines surfaces de fond de rivière de leurs invertébrés et ainsi à déclencher une dérive massive. De telles faibles valeurs de charge de fond se produisent lors de crues de moindre importance. Comme ces petites crues ont lieu fréquemment, nos résultats indiquent que la dérive catastrophique est un phénomène commun. Une telle conclusion semble contredire la perception courante, puisque la persistance des communautés d'invertébrés dans le lit des rivières laisse croire que de tels événements ne peuvent être vraiment catastrophiques. De plus, les pertes dues à la dérive que nous observons se produisent en l'absence d'importantes perturbations géomorphologiques; cela ne s'accorde pas avec l'idée que la dérive catastrophique est une réaction à des événements de perturbation hydrologique. Nous croyons qu'il est nécessaire de redéfinir la notion de dérive catastrophique et de donner une définition qui ne soit pas basée sur l'importance de la dérive, ni sur le rôle déclencheur des déplacements des sédiments, mais sur les conséquences démographiques des mouvements vers l'aval.[Traduit par la Rédaction] [ABSTRACT FROM AUTHOR]