Depuis le XVe siècle au moins, il est d'usage de terminer le repas pascal par trois comptines chantées à la fois en hébreux et en judéo-alsacien. Ces chants, de forme populaire, ont été empruntés par les juifs de langue alémanique à la culture de leur entourage et transformés pour correspondre aux thèmes juifs traditionnels de l'attente d'une ère nouvelle et de la fin des persécution. Le chant du cabri, par exemple, a pour origine un chant populaire allemand. Dès le XVIIIe siècle, on voit dans le cabri le peuple juif persécuté et ses tribulations dans les avatars successifs de la comptine auxquels Dieu vient enfin mettre terme. Ce chant naïf s'inscrit ainsi dans la logique interprétative et la tradition exégétique juives. Since the XVth century at least, it has been the custom to end the Paschal meal with three rhymes sung both in Hebrew and in Judeo-Alsatian. These songs are in popular form; they were taken by Germanic Jews from the surrounding culture and adapted to correspond to the traditional Jewish themes of the expectation of a new era and the end to persecution. The "Chant du Cabri" (Song of the goat-kid), for example, originated as a German folk-song. From the XVIIIth century onwards, the kid becomes identified with the persecuted Jewish people, whose tribulations correspond to the successive avatars of the rhyme which are finally terminated by the hand of God. This ingenuous ditty is thus incorporated into Jewish interpretative logic and the exegetic tradition.