Contexte : Même si l'on considère l'amygdale comme une région du cerveau cruciale pour l'affect négatif, les épreuves de neuroimagerie ne révèlent pas toujours un rehaussement de la réactivité amygdalienne aux stimuli aversifs chez les patients souffrant de troubles anxieux. Les génotypes liés à la sérotonine (5-HT) pourraient contribuer à la variabilité interindividuelle de la réponse amygdalienne. L'allèle (s) court du gène polymorphe 5-HTTLPR (serotonin-transporter-linked polymorphic region), un transporteur de la 5-HT, et la variante T du polymorphisme G-703T du gène TPH2 (tryptophan hydroxylase-2) ont été associés antérieurement à une hyperréactivité amygdalienne aux visages exprimant une émotion négative chez des témoins en bonne santé. Nous avons voulu mesurer l'influence de ces polymorphismes sur la réactivité amygdalienne aux visages exprimant la colère chez des patients atteints de phobie sociale, comparativement à des témoins en bonne santé. Méthodes : Nous avons utilisé la tomographie par émission de positrons avec de l'eau radioactive marquée à l'oxygène 15 pour mesurer le débit sanguin cérébral régional chez 34 patients souffrant de phobie sociale et 18 témoins à qui l'on présentait des photographies de visages en colère ou neutres en séquence contrebalancées. Nous avons établi le génotype de tous les participants pour ce qui est des polymorphismes 5-HTTLPR et TPH2. Résultats : Les patients souffrant de phobie sociale et les témoins ont présenté une activation amygdalienne gauche accrue en réponse aux visages en colère, par rapport aux visages neutres. Il a été possible d'expliquer une portion significative de la variance de la réactivité amygdalienne par le génotype, mais non par le diagnostic, la réponse ayant été plus prononcée chez les porteurs des allèles s ou T. Limites : Nos analyses ont été limitées en raison du petit échantillon et du fait que nous n'ayons pas pu assortir les participants selon leurs génotypes avant leur inscription à l'étude. De plus, d'autres techniques d'imagerie, non utilisées lors de notre étude, auraient pu révéler certains effets additionnels des stimuli émotionnels. Conclusion : La réactivité amygdalienne aux visages exprimant la colère a été plus intimement liée aux polymorphismes sérotoninergiques qu'au diagnostic de phobie sociale. Les études d'activation des émotions comparant l'excitabilité de l'amygdale chez des groupes de patients et de témoins pourraient utiliser avantageusement les variations des gènes liés à la 5-HT. [ABSTRACT FROM AUTHOR]