Contexte : La prothèse totale de la hanche (PTH) et la prothèse totale du genou (PTG) sont des options chirurgicales fiables pour traiter la douleur et l’invalidité résultant de maladies dégénératives de la hanche et du genou. L’obésité est un facteur de risque modifiable qui contribue significativement à la morbidité. Le but de cette étude était de comparer de manière rétrospective le résultat des interventions primaires pour prothèses de la hanche et du genou selon que les patients avaient un indice de masse corporelle (IMC) normal ou élevé à partir des données du registre de l’Alberta Bone and Joint Health Institute (ABJHI). Méthodes : Nous avons analysé de manière rétrospective les données compilées par le registre de l’ABJHI entre mars 2010 et juillet 2016. Nous avons passé en revue les paramètres suivants : durée du séjour hospitalier, destination post-congé, réadmissions dans les 30 jours, infections postopératoires, besoins transfusionnels postopératoires, complications postopératoires et complications mécaniques postopératoires perhospitalières. Résultats : En tout, 10 902 patients (6076 femmes, 4826 hommes) ayant subi une PTH et 16 485 patients (10 057 femmes, 6428 hommes) ayant subi une PTG ont été inclus dans l’étude. Tant pour la PTH que pour la PTG, les patients ayant un IMC élevé ont présenté un plus grand nombre de complications médicales en cours d’hospitalisation; ils ont aussi présenté un nombre plus élevé d’infections profondes, étaient moins susceptibles de pouvoir retourner chez eux au moment de leur congé (p < 0,001) et ont eu moins besoin de transfusions (p < 0,001) comparativement aux patients dont le poids se situait dans l’éventail des valeurs normales. L’IMC élevé a été en corrélation avec une augmentation du taux de réadmission à 30 jours et de la durée du séjour dans la cohorte soumise à une PTH, mais non dans la cohorte soumise à une PTG. L’IMC élevé n’a exercé aucun effet sur la dislocation postopératoire aiguë ou les fractures périprothétiques. Les patients ayant un IMC de 30 kg/m2 ou plus ont eu besoin d’une PTH 1,7 an plus tôt que les patients de poids normal, les patients ayant un IMC de 35 kg/m2 ou plus ont eu besoin d’une PTH 3,4 ans plus tôt, et les patients ayant un IMC de 40 kg/m2 ou plus ont eu besoin d’une PTH 5,8 ans plus tôt. Dans la cohorte soumise à la PTG, les patients ayant un IMC de 30 kg/m2 ou plus ont eu besoin d’une PTG 2,7 ans plus tôt que les patients de poids normal, les patients ayant un IMC de 35 kg/m2 ou plus ont eu besoin d’une PTG 4,6 ans plus tôt, et les patients ayant un IMC de 40 kg/m2 ou plus ont eu besoin d’une PTG 7,6 ans plus tôt. Conclusion : Notre étude quantifie les effets de l’obésité sur le recours aux interventions primaires pour prothèse de la hanche et du genou. Elle permet de mieux comprendre les risques auxquels est exposée la population obèse lorsqu’une intervention pour prothèse articulaire est envisagée. [ABSTRACT FROM AUTHOR]